Vendredi 16 avril : Eugene Chadbourne // Contre en 1ère partie


Les concerts à Grand-Guignol reprennent et ça va enchaîner sévère en avril.

Premier rendez-vous : vendredi 16 avril à 20h30, avec Eugene Chadbourne himself, et l’excellent groupe lyonnais Contre en première partie.

Pour présenter le doc Chadbourne, nous reprenons les mots du blog Terribabuleska Spazoïde, car nous n’aurions clairement pas fait mieux :

Eugene Chadbourne « est le guitariste le plus ramifié du monde connu. Il y a d’abord sa carrière, qui est un tissu effroyablement complexe de collaborations, une fourmilière de plus de 200 albums. Il y a le Jack and Jim Show, il y a Schockabilly, il y a les albums avec John Zorn, avec le groupe Zu, avec Noël Akchoté, avec Hank Bennink, Paul Lovens, de la country sous acides, de l’impro pure et dure, des chansons dérangées, un immense répertoire de reprises détournées, un peu d’esprit klezmer, un peu de dadaïsme, pas mal de punk, du banjo à l’ancienne, de l’indus préhistorique, des protest-songs et un sens de la dérision en politique, du collage et du bricolage, et tout le pataquès sorti sur ses propres labels, Parachute et House of Chadula. Il y a aussi sa manière de jouer : ses doigts dérapent sur toute la longueur du manche de sa guitare ou de son banjo, et l’on se retrouve profondément emmêlé à la musique, dans des arpèges pétaradants joués à la vitesse du son, redécouvrant avec stupeur que la guitare est bien un instrument à cordes, de ces cordes qui font les filets de pêche quand on les tresse ensemble.
Lorsque les doigts d’Eugene Chadbourne partent sur le manche, c’est du bobsleigh. Eugene, c’est une toupie qui se met à prendre de la vitesse et, déçue par les limites physiques de l’univers, explose en feu d’artifice pour crépiter plus loin et plus fort.
Moins il s’accorde, plus il joue juste.
Les reprises d’Eugene sont légion : comme le coucou, il pond ses œufs dans le nid des autres. Il violente Sun Ra, Pink Floyd, Gerschwin, Creedence Clearwater revival, Zappa, lui-même et va jusqu’à reprendre Nazi punks fuck off des Dead Kennedys au banjo, en déclarant au début du morceau : « from the irish band, the dead kennedys ». Sur l’album The Zu side of Eugene Chadbourne, il maltraite en compagnie du groupe italien Zu toutes sortes de classiques, à tel point qu’on n’y retrouve plus trace de l’original, si ce n’est dans le titre : in a gadda da Chadbourne, O Chadbourne mio, Chadbourne in the sky with diamonds, Everybody needs a Chadbourne (to love) … Eugene se trimbale toujours un gros livre hirsute, sorte de vieux grimoire de feuilles superposées, collées, scotchées les unes aux autres dans un savant désordre : c’est son livre de chants, où il stocke la mémoire de ses reprises. Ca finit par former des strates géologiques. On y trouve entre autres des vieux trucs de bluegrass, dont il est très friand, des machins des Appalaches, des banjories, des vieux blues antédiluviens. Eugene a publié un disque qui s’appelle The Doc Chad banjo book, pour la pochette duquel il a détourné la couverture d’une vieille méthode de Banjo, rajoutant "Doc Chad" au gros marqueur noir au-dessus du titre "Banjo Book". Il a poussé le bouchon jusqu’à reprendre Bach, sur un disque paru chez Volatile records, German country and western. Il raconte dans les notes de pochette qu’à force d’attendre pendant les tournées, il s’est mis à gratouiller sur son banjo pour retrouver les mélodies des fugues de Bach, et qu’il a fini par tout reconstituer. Au final, c'est un disque méditatif, et Bach y sonne comme un derviche tourneur. Ca le dépoussière un bon coup.
Eugene est un punk : il fait tout lui-même car il aime la liberté. D'abord journaliste, il a fui la guerre du Vietnam pour le Canada, avant de revenir quand le gouvernement a amnistié les objecteurs de conscience. Maintenant, il vit en Caroline du Nord, il part fréquemment de chez lui pour donner des concerts et collaborer un peu partout dans le monde, le plus souvent dans des festivals de jazz et de musique improvisée, et il sort des disques, beaucoup de disques. Il les trimbale dans une valise, et il peut en étaler sur toute une table comme un brocanteur surréaliste. Depuis qu'il a découvert le graveur de CD, il grave le plus souvent lui-même ses propres albums et les envoie à ceux qui les lui commandent dans des pochettes qu'il fabrique lui-même, avec une paire de ciseaux, du carton, des timbres, des photos découpées, des collages, et des marqueurs. Même quand ses disques existent en boîtier cristal, il en vend des exemplaires bricolés main parce qu'il aime la liberté, le collage, l'accident, il aime se perdre et abhorre la perfection, qui est un appauvrissement. »

http://www.eugenechadbourne.com/eugenechadbourne/default.htm

http://www.myspace.com/eugenechadbourne

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